J’ai reconstruit ce tableau (la première version date de 2010) en écoutant la lecture du Phédon de Platon. Dans ce livre, Platon rapporte le dialogue sur l’immortalité de l’âme qui a eu lieu entre Socrate et ses disciples, le jour où Socrate, condamné à mort, doit boire la cigüe. La connaissance est une réminiscence, argue-t-il dans l’un de ses raisonnements sur l’immortalité de l’âme. Voici un extrait:
– Car nous avons vu qu’il est possible, en percevant une chose par la vue, ou par l’ouïe ou par quelque autre sens, que cette chose fasse penser à une autre qu’on avait oubliée et avec laquelle elle avait du rapport, sans lui ressembler ou en lui ressemblant. Par conséquent il faut, je le répète, de deux choses l’une, ou bien que nous soyons nés avec la connaissance des réalités en soi et que nous les gardions toute la vie, tous tant que nous sommes, ou bien que ceux dont nous disons qu’ils apprennent ne fassent pas autre chose que se souvenir, et que la science soit réminiscence. Source: https://www.beq.ebooksgratuits.com/Philosophie/Platon-Phedon.pdf
À la porte de la vieillesse, j’aime plonger dans l’univers infini des idées. Néanmoins, je fus surpris et inspiré par ce passage sur la réminiscence alors que j’étais en train de reconstruire un tableau. Une étincelle d’enthousiasme me libéra de la tâche de rendre beau l’original de 2010. (L’original est un encombrement de couleurs criardes et de cercles noirs tracés par un pinceau baveux.) J’ai alors plongé dans le monde des intentions qui m’habitaient en 2010. J’ai revalorisé mes idées anciennes.
Il y a, dans le tableau original, des formes du monde physique reconnaissables, ce qui est une façon de s’ouvrir au regard de l’autre. J’y vois aussi une volonté de subsumer le réel en traçant des lignes et des cercles d’un geste rapide. Il y a aussi quelque chose à faire avec les formes géométriques, symboles universels polysémiques.
Dans la reconstruction, chacune de ces idées générales devient une plaque, c’est-à-dire une surface de tableau suggestive et autonome qui est apposé à l’endroit où l’idée se concentrait dans le tableau original. En tout six plaques. Le tout est lié par une harmonisation. Le résultat est le tableau en vedette au début de l’article; ses dimensions sont de 29 x 29 pouces ou 75 x 75 cm.
I reconstructed this painting (the first version dates from 2010) while listening to the reading of Plato’s Phaedo. In this book, Plato reports the dialogue on the immortality of the soul which took place between Socrates and his disciples, on the day when Socrates, condemned to death, had to drink the hemlock. Knowledge is a reminiscence, he says in one of his arguments on the immortality of the soul. Here is an exerpt:
It was seen to be possible for someone to see or hear or otherwise perceive something, and by this to be put in mind of something else which he had forgotten and which is related to it by similarity or difference. One of two things follows, as I say: either we were born with the knowledge of it, and all of us know it throughout life, or those who later, we say, are learning, are only recollecting, and learning would be recollection. Source: http://cscs.res.in/dataarchive/textfiles/textfile.2010-09-15.2713280635/file
At the door of old age, I like to dive into the infinite universe of ideas. Nonetheless, I was surprised and inspired by this passage on reminiscence as I was reconstructing a painting. A spark of enthusiasm freed me from the task of making this 2010 painting beautiful. (The original is a clutter of garish colors and dark circles drawn by a slobbery brush. ) I then plunged into the world of intentions. who lived in me in 2010. I revalued my old ideas.
There are, in the original painting, recognizable forms of the physical world, which is a way of opening up to the other. I also see a desire to subsume reality by tracing lines and circles with a quick gesture. There is also something to do with geometric shapes, polysemous universal symbols.
In the reconstruction, each of these general ideas becomes a plaque, i.e. a suggestive and autonomous painting surface that is affixed where the idea was concentrated in the original painting. Everything is linked by a harmonization. The end result is featured in this post; its size is 29 x 29 inches or 75 x 75 cm.
L’original de 2010, après un premier effacement:
