J’ai retenu de ma période Énumération, de 2014 à 2017, le format et le jeu. Je voulais faire de la peinture abstraite porté par un mouvement intérieur qui m’élèverait au-dessus du quotidien. J’ai contemplé l’univers et j’ai voulu encercler l’infini et individualiser chaque élément de cet infini sur une toile.
Durant cette période, j’ai fait de la peinture dans des formats extensibles qui génèrent à l’infini des points. J’étais fier de cette approche mais, après un temps je me sentis enfermé dans cette méthode basée sur la logique. Ma démarche de peintre ne pouvait continuer sur ce chemin seulement si j’utilisais mes formats d’énumération comme des jeux. Des jeux de formes, de couleur, de perception, de rapports et de règles de placements d’éléments. J’ai résumé l’expérience en disant que l’énumération était de l’abstraction sur des formats et des jeux.
Point de vue du format et du jeu
Mes tableaux d’énumération sont des tableaux abstraits qui abordent la représentation de l’infinité des objets de l’Univers. L’Univers est infini alors que la surface d’un tableau est finie. Je porte donc mon attention sur des parties de l’Univers. Je postule que des capteurs de réalité servent de constituants à des phrases qui décrivent l’Univers. Dans un tableau, je m’intéresse à présenter des phrases qui participent à une relation formelle, comme l’indépendance et l’impossibilité de coexistence. Je formate ces phrases dans des structure variées.
Voir ces tableaux : matriciel (2013), circulaire(2016) et entrelacé(2016). Mon approche à l’énumération a évolué vers l’animation par ordinateur (2020).
Je présente mes tableaux comme des objets à regarder. Ils semblent constitués de points disposés au hasard dans une structure, alors que leur position est prédéterminée. Je suppose que celui qui regarde est surpris et est intrigué par ce pseudo-hasard, qu’il cherche à y reconnaître un message ou une idée, comme s’il participait à un jeu. Cette notion de jeu est illustrée dans Les adresses de l’Univers (2018) .
Les contraintes de réalisation, le micro-esthétisme
Je peux condenser ce qui précède en disant que j’utilise une structure formelle d’énumération comme moyen de génération de schémas ou squelettes de tableaux abstraits qui peuvent avoir une valeur d’énigme et de jeu. Mon défi consiste à produire une œuvre attractive et plaisante à partir de ce schéma de base. Pour cela, je favorise des lignes, des formes, des couleurs et des espaces vides qui évoquent le hasard, la liberté et la légèreté.
Je dessine à main levée les structures combinatoires, comme les entrelacements , croyant que la nature organique des lignes a une valeur en soi, du moins qu’elles me représentent. Je transforme les formes et les couleurs dans un va-et-vient d’actions et de pauses où je juge le résultat, un mouvement cyclique qui se poursuit jusqu’à ce que je ressente un apaisement à regarder ce que j’ai fait, jusqu’à ce que je sois convaincu de la raison d’être de l’ensemble.
En réalisant ces tableaux, j’ai développé consciemment des moyens d’expression esthétique particuliers. Dans Mauve (2014), c’est du micro-esthétisme de petites formes organiques, géométriques, linéaires, matricielles, des tons de couleur, des accents. Par exemple, le centre géométrique du tableau est dans une zone peu développée picturalement. Je me suis donc efforcée d’amplifier son intérêt tout en la laissant vide. J’ai accentué ses contours. Dans une autre partie, des petits rectangles étaient entourés de rouge. J’ai remplacé ce rouge par du fuchsia pour leur donner plus d’impact visuel. En fin de compte, le tableau est plus esthétique, a plus d’attrait visuel et j’espère arrive à présenter une énigme. Mais a-t-il plus de signification, d’attrait sensuel, d’interrogation existentielle, de connexions universel
Animation par ordinateur
Dans le passé (2013-2018), j’ai peint des extraits choisis de séries infinies. Un prolongement naturel de cette approche est le concept d’un objet animé qui fait apparaître un flot infini d’ensembles. C’est l’idée à l’origine de la vidéo Nouvelle énumération | New enumeration que Jean Boisvert et moi avons créée. Des ensembles de clauses logiques sont générés systématiquement et représentés à l’intérieur d’un cercle. (Pour des détails, voir dans YouTube la description de la vidéo).
Enumeration
I retained from my Enumeration period, from 2014 to 2017, the format and the game. I wanted to make abstract paintings carried by an inner movement that would lift me above the everyday. I contemplated the universe and wanted to encircle the infinite and individualise each element of that infinity on a canvas.
During this period I painted in expandable formats that generated infinite points. I was proud of this approach, but after a while I felt trapped in this logic-based method. My approach as a painter could only continue along this path if I used my enumeration formats as games. Games with forms, colours, perceptions, relationships and rules of placement of elements. I summarised the experience by saying that enumeration was abstraction on formats and games.
From the point of view of format and play
My enumeration paintings are abstract paintings that deal with the representation of the infinity of objects in the universe. The Universe is infinite whereas the surface of a painting is finite. I therefore focus on parts of the Universe. I postulate that reality sensors serve as constituents of sentences that describe the universe. In an array, I am interested in presenting sentences that participate in a formal relationship, such as independence and impossibility of coexistence. I format these sentences in various structures.
See these paintings: matrix (2013), circular (2016) and interlaced (2016). My approach to enumeration has evolved into computer animation (2020).
I present my paintings as objects to be viewed. They seem to consist of randomly arranged points in a structure, while their position is predetermined. I assume that the viewer is surprised and intrigued by this pseudo-hasardness, that he or she is looking for a message or an idea, as if he or she were participating in a game. This notion of play is illustrated in The Addresses of the Universe (2018).
Constraints of realisation, micro-aestheticism
I can condense the above by saying that I use a formal structure of enumeration as a means of generating patterns or skeletons of abstract paintings that can have an enigmatic and playful value. My challenge is to produce an attractive and pleasing work from this basic scheme. To do this I favour lines, shapes, colours and empty spaces that evoke chance, freedom and lightness.
I draw freehand combinatorial structures, such as interlacing, believing that the organic nature of the lines has value in itself, or at least that they represent me. I transform the shapes and colours in a back and forth of actions and pauses where I judge the result, a cyclical movement that continues until I feel a sense of calmness in looking at what I have done, until I am convinced of the purpose of the whole.
In making these paintings I have consciously developed particular means of aesthetic expression. In Mauve (2014), it is micro-aesthetics of small organic, geometric, linear, matrix forms, colour tones, accents. For example, the geometric centre of the painting is in an area that is not very pictorially developed. I therefore tried to amplify its interest while leaving it empty. I have accentuated its contours. In another part, small rectangles were surrounded by red. I replaced this red with fuchsia to give them more visual impact. In the end, the painting is more aesthetically pleasing, has more visual appeal and I hope it manages to present a puzzle. But does it have more meaning, sensual appeal, existential questioning, universal connections?
Computer animation
In the past (2013-2018) I have painted selected excerpts from infinite sets. A natural extension of this approach is the concept of an animated object that brings up an infinite stream of sets. This is the idea behind the video New enumeration that Jean Boisvert and I created. Sets of logical clauses are systematically generated and represented inside a circle (for details, see the YouTube description of the video).